Fiche de lecture : La plus secrète mémoire des hommes, de Mohamed Mbougar Sarr

Faut-il être bourgeois pour bander devant un Goncourt ?

(Le livre a remporté le prix Goncourt de cette année. C’est principalement parce qu’Houria Bouteldja a fait un billet là-dessus (lien en fin d’article) que je l’ai lu.)



J’ai apprécié ce livre, mais je n’ai pas ressenti d’émotion très forte en le lisant.



Le synopsis : un écrivain Sénégalais raconte sa vie dans le petit cercle des écrivains africains francophones parisiens. Puis, un jour, il rencontre un livre qui le bouleverse, dont l’auteur a un parcours d’écrivain maudit et a disparu il y a longtemps sans laisser de traces. Il va être poussé à se lancer sur ses traces.



J’ai pas mal apprécié l’humour du narrateur, j’ai ri plusieurs fois en lisant le livre. L’histoire m’a donné envie d’aller au bout et si je ne saurais pas qualifier le style de bon, je suis capable de constater qu’il n’est pas mauvais, au sens où la langue est fluide, nous emporte et ne laisse jamais voir les ficelles de l’écriture. Par ailleurs, pour un Goncourt, ce n’est pas un livre chiant.



(Je dis « pour un Goncourt », mais je sais pas vraiment si les Goncourt ont la réputation d’être chiants ou difficiles. D’ailleurs j’avais aussi lu le Goncourt 2020, L’Anomalie, qui m’avait beaucoup plus.)



Maintenant, est-ce que je suis renversé par le style ? Pas vraiment. Comme pour beaucoup de livres, ça ne semble pas être un aspect auquel je suis vraiment sensible. Il y a quelques rares moments où j’ai été touché par une description d’instant, de paysage, de conversation. Mais c’est arrivé une ou deux fois dans le livre.



Je ne saurais pas vraiment dire si je suis peu perméable au style d’écriture en général, ou s’il faut que je sois de la bonne humeur, ou bien si c’est la faute du livre. Je n’ai peut-être pas encore assez lu.



Full disclosure : j’ai beaucoup lu quand j’étais plus jeune, mais surtout de la littérature dite jeunesse. Je lisais avec passion. Si j’en relisais certains aujourd’hui, je serais sans doute repoussé par des choses qui m’ont échappé autrefois. Toutefois je reste convaincu que dans les romans classés « jeunesse », on trrouve des choses magnifiques qui feront pleurer dix mille personnes que ferait chier un Zola. Pullman à jamais dans mon cœur, Jonathan Stroud aussi !



En revanche je peux de plus en plus voir pourquoi certains auteurs prolifiques sont dit mauvais. Par exemple j’ai rouvert un Katherine Pancol récemment, je vois bien que les mêmes tournures de phrase sont réutilisées en boucle, que les personnages sonnent faux, que le monologue intérieur pas très intéressant est utilisé pour faire de la page. Pour le voir, on peut comparer un Katherine Pancol avec Vernon Subutex, de Despentes : les deux utilisent le même type de procédés narratifs (monologues intérieurs d’un grand nombre de personnages) mais l’une est juste gênante alors que l’autre est capable de vous faire pleurer d’amour en vous racontant la rencontre d’un beauf d’extrême-droite avec un groupe de SDF.



(Cela étant dit, je suis un pédé, donc je pleure beaucoup.)



Bref, voilà une fiche de lecture qui parle très peu du livre concerné ! Ça parle d’angoisses d’écrivains, beaucoup, de la vie et de son absurdité, comme tous les bons livres, de la guerre, et de la colonisation, aussi. Sur ce dernier sujet, Houria Bouteldja a écrit un billet beaucoup plus pertinent que tout ce que je pourrais dire sur le sujet.



Moi, je continue ma quête de livres qui me feront ressentir de nouvelles émotions.