Dans ses Jeux Rustiques (1559), le poète Du Bellay déplore la disparition de son chat avec une longue épitaphe dont j’ai choisi ce passage (le texte intégral est ici par exemple)
Soit qu’il sautât, soit qu’il grattât,
Soit qu’il tournât, ou voltigeât
D’un tour de chat, ou soit encore,
Qu’il prît un rat, & or’ & ores
Le relâchant pour quelque temps,
S’en donnât mille passe-temps.
Soit que, d’une façon gaillarde,
Avec sa patte frétillarde,
Il se frottât le musequin ;
Ou soit que ce petit coquin
Privé sautelât sur ma couche ;
Ou soit qu’il ravît de ma bouche
La viande sans m’outrager,
Alors qu’il me voyait manger ;
Soit qu’il fît en diverses guises
Mille autres telles mignardises.
Mon Dieu ! quel passe-temps c’était
Quand ce Belaud virevoltait,
Folâtre autour d’une pelote !
Quel plaisir, quand sa tête sotte
Suivant sa queue en mille tours,
D’un rouet imitait le cours !
Ou quand, assis sur le derrière
Il s’en faisait une jartière ;
Et montrant l’estomac velu,
De panne blanche crêpelu,
Semblait, tant sa trogne était bonne,
Quelque Docteur de la Sorbonne !
Ou quand, alors qu’on l’animait,
À coups de patte il escrimait,
Et puis apaisait sa colère,
Tout soudain qu’on lui faisait chère.
Comments
No comments yet. Be the first to react!